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Je réponds ! :rolleyes:

Je ne vais pas m'étendre sur la question du changement de traducteur, si ce n'est en soulignant qu'Emmanuel et moi avons essayé de développer un style aussi proche que possible en termes de construction de phrase, choix de vocabulaire etc, chacun relisant le travail de l'autre. Disons que nous avons tout fait justement pour que ce changement se voie le moins possible.

Par contre à l'époque où j'ai découvert les Portes de la Maison des Morts en VF (avec l'édition Calmann Lévy), j'ai trouvé qu'il y avait une réelle différence de style par rapport aux Jardins de la Lune. Je croyais que c'était lié là encore à un changement de traducteur (Marie-Christine Gamberini pour le 1 et Minos Hubert pour le 2 dans l'édition CL), mais en fait cette différence se retrouve également dans la VO, de façon flagrante.

Le style des Portes est parfois empesé en VO, c'est incontestable. Pour en avoir discuté avec Emmanuel, c'est un souci qui n'apparaît pas vraiment avec les Jardins de la Lune (d'ailleurs j'ai aussi lu GOTM en VO et ça ne m'a pas sauté aux yeux). Mais les deux romans ont été écrits de façon très différente. Les Jardins a mis une dizaine d'années à se faire publier, Erikson ayant été amené à remanier maintes fois son texte de sorte à pouvoir séduire (ou ne pas rebuter) les éditeurs. Les Portes, c'est tout l'inverse : il a dû l'écrire très vite, d'un seul jet, ce d'autant qu'il avait commencé par rédiger d'abord Les Souvenirs de la Glace et qu'il a perdu son texte à cause d'un plantage informatique (ou d'une disquette égarée, je ne sais plus). Du coup, démoralisé, il s'est rabattu sur l'histoire des Portes, mais ça a dû encore ajouter une contrainte de temps. C'est peut-être une explication, mais pour être honnête ça reste du domaine de l'hypothèse.

Point très important, ce style "alambiqué" (pour reprendre le terme employé par croutee) se retrouve de façon particulièrement criante au tout début du livre, sur le prologue, le chapitre 1 et jusqu'à la moitié du chapitre 2, soit jusqu'à la page 70-80 environ. Après il y a un petit "déclic" qu'à titre personnel je ne m'explique pas, mais ceux qui possèdent l'ancienne VF de chez CL pourront sans doute faire le même constat avec le texte de Minos Hubert (je l'ai fait pour ma part à l'époque). J'avoue que ça m'a bien embêté quand j'ai rendu mon texte à Leha, et j'ai signalé d'emblée ce "problème" à l'éditeur et à la correctrice. Cependant nous avons retourné la question dans tous les sens, et à part totalement trahir le texte d'origine et réécrire le début du roman, il n'était pas possible de faire autrement. Tout ça pour dire que certains trouveront peut-être le début du livre bizarrement tourné, mais ce défaut s'atténue sensiblement dès le milieu du chapitre 2.

Donc pour répondre à croutee, je te conseille vraiment de persévérer :) . Certes, Erikson n'a pas un style particulièrement simple à lire, en particulier dans ce tome 2, mais il s'améliore très largement au fil des pages. En plus tu verras, l'histoire vaut vraiment le coup. Là, tu n'es pas encore entré dans le vif du sujet :sifflote:

Et je voudrais finir sur cette remarque : des quatre romans que j'aie eu à traduire jusqu'ici, Les Portes de la Maison des Morts est celui qui m'a donné - et de très loin - le plus de fil à retordre. Deux raisons essentielles : un temps de travail beaucoup plus restreint (délais à tenir plus serrés), mais aussi un style - encore une fois - plus difficile à transcrire avec fluidité. Erikson s'améliore clairement dans les romans suivants : c'est criant dès les Souvenirs de la Glace qui, pour le coup, possède une narration bien plus fluide, et l'auteur s'améliore encore avec le tome 4 (La Maison des Chaînes) et surtout sur le 5 (Les Marées de Minuit). J'ai déjà eu l'occasion de le dire, mais ce n°5 est une merveille d'écriture. Bref, Erikson s'améliore très largement au fil des pages de ce tome 2, mais aussi lors des tomes suivants !

2622
Merci beaucoup pour ta réponse détaillée.

Du coup j'ai relu un peu ce sujet et quand je parlais de traduction je n'avais pas vraiment compris qu'il y avait eu un changement de traducteur strict entre les deux tomes même si j'avais bien capté que vous étiez deux à faire ce travail. Donc je précise que ce n'était pas une attaque déguisée ou une tentative de polémique mais une question sur un choix de traduction ou un changement de style de l'auteur.

En tout cas comme tu le décris le style du début du livre m'a vraiment pesé même s'il y a aussi certainement d'autres facteurs plus personnels à prendre en compte : fatigue, gamins en vacances... mais tu me confirme que mon impression n'est pas uniquement liée à ça. Il y a également mes gouts personnels de lecteur qui me font aller vers les auteurs ayant un style plutôt clair et direct et, sauf exceptions, je suis rarement sensible à la complexité trop prononcée.

Du coup je vais essayer de reprendre parce qu’encore une fois le premier tome m'a vraiment beaucoup plu. L'impression de plonger en apnée dans un monde foisonnant était très agréable.

J'étais d'autant plus frustré après avoir lu plusieurs avis disant que la série s'améliore avec le temps de ne pas réussir à rentrer dans le second tome.

2623
Ca y est, j'ai fini le pavé.

Globalement, j'ai bien aimé. Il faut avouer que le style est très bon. Les diverses descriptions des lieux visités, le rendu de l'atmosphère apocalyptique bien ressenti, les sentiments profonds des personnages magnifiquement présentés, le rythme est haletant, l'intrigue très bien ficelée...

Y'a du suspense, des retournements de situation, des personnages retors, du vice, de la haine, des drames, de la souffrance, bref, tous les ingrédients pour faire un excellent roman, bien noir, bien glauque, bien adulte et donc bien réaliste, sont là. Et du coup, j'ai vraiment apprécié.

Encore une fois, j'ai été impressionné par le style de l'auteur. La prose en jette, y'a pas à dire. C'est pas du Jaworski, mais on en est pas loin quand même. Les envolées philosophiques de Duiker sont un régal (et on ressent parfaitement l'influence Moorcockienne sur Erikson dans le sens où il aborde certains thèmes philosophiques tels que la mort, le passage du temps, l'influence de l'homme sur l'évolution de l'histoire - sans pour autant tomber dans la lourdeur si caractéristique à l’œuvre de Moorcock). De même, on ressent très bien l'influence de Cook sur la description de la retraite de la Chaine des Chiens. Le côté sale, animal, cruel et primaire d'une retraite d'une armée suivie de milliers de réfugiés est tellement réaliste. Splendide.

D'ailleurs, le livre n'aurait pu présenter que ça. Coltraine et son exploit. C'est grandiose et ça finit en apothéose. Si héroïque, si brutal, si cruel et donc si... vrai. C'est un des meilleurs moments de fantasy que j'ai passés. Tout simplement sublime.

Néanmoins, car vous vous doutez bien qu'il y a plusieurs néanmoins, beaucoup de choses m'ont rebuté. C'est très dommage.

En lisant les PdlMdM, je me suis rendu compte que je n'appréciais pas vraiment la High Fantasy. Et ça en est, incontestablement.
Trop de magie, trop de dieux, trop d'objets magiques, trop de mystères, trop de créatures magiques et mystérieuses et trop... de deus ex machina.

Je suis désolé, mais tout comme le premier tombe, celui-ci est rempli d'heureux hasards, trop heureux hasards. Pas besoin de les lister, tout le monde voit bien de quoi je parle. A chaque fois qu'un des héros principaux doit y passer, y'a toujours une apparition circonstanciée, un objet magique, un démon ou carrément un dieu, qui viennent à la rescousse. Et même quand le héros meurt, ben, en fait non, il meurt pas...

C'est trop pour moi. Là-dessus, je préfère la cruauté de la prose de G.R.R.Martin. L'mec il est mort, bah il est mort quoi. Tant pis pour sa gueule, et même si c'est le héros du bouquin. Y'a pas de situations ubuesques où j'gars il crève mais pas vraiment, ou alors il pisse le sang de partout (hein Kalam ?) mais il s'en sort miraculeusement.

A cela s'ajoutent quelques passages juste incompréhensibles, pour ma part. On aurait dit que certains passages, très courts la plupart du temps, ont été ajoutés sans queue ni tête, sans une once de logique. Ou alors elles font partie d'un tout et auront des répercussions dans cinq ou six tomes et on se dira "ah oui, c'était donc pour ça !". Mais pour l'instant, ces passages font vraiment ficelle. Par exemple (et là, désolé, je vais spoil un peu donc balises) :

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Enfin, y'a certainement des explications, mais j'ai trouvé ça très mal présenté et du coup, je suis totalement passé à côté.

Par ailleurs, d'autres passages m'ont surpris, car arrivent très, trop, vite. Parfois je lisais, et je me disais "quoi ? comment ça se fait ? Rien pigé".

Par exemple (nouveau spoil) :

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Voilà. Y'en a certainement d'autres. Je n'ai pas tout en tête. Et à tout ça s'ajoutent les innombrables arrivées opportunes de personnages (toujours plus balèzes les uns que les autres), armées, compagnies mercenaires (celle-là, j'avoue, avec les carrosses sortis de nulle part, c'était le pompon) démons, dieux ou utilisations d'objets magiques, qui permettent aux héros de toujours s'en sortir au bon moment ou de vaincre même la mort. C'est assez dérangeant. Je comprends que c'est le genre High Fantasy qui veut ça, mais je trouve ça pour le coup too much. ;)

Ah et j'oubliais : Plus de mille pages du roman ET JE NE COMPRENDS TOUJOURS PAS CE QU'EST UNE PUT**N DE GARENNE !!! :D

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C’est amusant. Ce que tu reproches au tome 2, c’est ce que je reprochais au tome 1. Trop de magie, trop de dieux, trop de tout… et puis, en fait, je m’y suis fait, et il me semblait justement que le tome 2 rendait plus logique ce monde si étrange. L’Ascendance est, dans cet univers, relativement accessible. Du coup, ça explique pas mal de choses.

Ce que cherchent les Solipris et les D’ivers, c’est justement la porte vers une Garenne qui leur offrira l’Ascendance, c’est-à-dire la divinisation et le pouvoir sur tous ceux de leur genre. Il est vrai qu’il n’est pas du tout expliqué pourquoi cette porte s’est ouverte. Cette porte se trouve dans les sous-sols du temple où sont allés Icarium et Mappo. Mais il se trouve que le prêtre de l’Ombre a créé un leurre pour tromper les D’ivers et les Solipris, afin de les attirer dans une autre dimension, celle de l’Azath, pour les piéger et les éloigner de l’Ascendance. Ce qui semble fonctionner à merveille.
Rien n’est expliqué sur l’ouverture de cette fameuse porte, mais comme elle se trouve dans le temple de l’Ombre, on peut présumer qu’il s’agit d’une magouille d’Ombretrône. On le saura peut-être plus tard.

En ce qui concerne Héboric, le mystère reste entier, à part que son dieu semble avoir eu un plan le concernant.

Quant à Félisine, la Déesse du Tourbillon veut l’utiliser à son profit pour sa revanche contre l’Empire. C’est assez clair, c’est opportuniste, et peut-être qu’une autre femme aurait pu prendre cette place, même si on peut se demander si Félisine n’a pas été opportunément guidée au bon endroit. Ça reste à déterminer. Cela dit, elle n’avait pas tant le choix que ça. Elle ne fait que suivre le mouvement, elle ne le guide pas. C’est le plan pour libérer Héboric qui l’a conduite à cette situation.

Le passage avec le bateau perdu au milieu d’une Garenne m’a aussi paru très, très étrange. Aucune idée de ce que le dragon venait faire là, ni ce mage en plein délire. Mais j’ai fini par trouver du charme à toutes ces étrangetés. J’espère qu’on en saura plus avec la suite.

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Duda a écrit :A chaque fois qu'un des héros principaux doit y passer, y'a toujours une apparition circonstanciée, un objet magique, un démon ou carrément un dieu, qui viennent à la rescousse. Et même quand le héros meurt, ben, en fait non, il meurt pas...

Autant je peux comprendre que la mort Eriksonnienne puisse paraître moins brutale et quelque part moins fascinante que la mort Martinienne (car mythologique, d'inspiration gréco-romaine, donc ouverte le cas échéant à une certaine "relativité"), autant j'avoue que j'ai du mal à appliquer cette remarque aux Portes de la Maison des Morts. D'ailleurs je n'arrive pas à trouver d'exemples d'un héros qui meurt et qui en fait ne meurt pas vraiment. Si Erikson laisse entendre à la fin du roman que certains personnages pourraient revenir... (attention très gros spoilers LPDLMDM)

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rien à ce stade ne peut permettre d'affirmer qu'ils vont bel et bien revenir. Et s'il y a bien quelque chose à retenir dans ce cycle, c'est qu'autant on peut rester attentif à ce genre de petits détails, autant il ne faut pas s'attendre à des facilités scénaristiques visant "à faire revenir les morts dans le monde des vivants". Je ne dis pas que ça n'arrive jamais, il y a quelques cas dans le cycle où des héros reviennent. Mais ça reste l'exception, et c'est un retour qui, en général, s'avère complexe, tortueux et qui ne laisse pas indemnes les protagonistes. Je ne veux surtout pas spoiler la suite, mais ne vous attendez pas à des comebacks tirés par les cheveux et tombés de nulle part. Dans l'immense majorité des cas, la mort chez Erikson s'avère tout aussi définitive et brutale que chez Martin, voire encore davantage. Car dans la suite du cycle, vous allez fatalement vous attacher à des héros - peut-être que ça ne vous est pas encore arrivé à ce stade, mais l'auteur va très très vite régler ce problème -, et certaines fins vont vous arracher des larmes, j'aime autant vous le dire.

Pour en revenir aux Portes... (encore de très gros spoilers LPDLMDM)
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Pour les deus ex machina... il y en a un certain nombre dans le cycle, c'est indéniable. Mais tout l'intérêt du Livre des Martyrs est que nombre d'entre eux sont explicables a posteriori. Ca rend le procédé plus acceptable à mon sens, même si je conçois que la résolution d'un arc par un événement a priori sorti "de nulle part" puisse agacer. Le truc, c'est que je n'en vois pas vraiment dans ce tome-ci, je ne sais pas à quoi tu fais référence d'ailleurs...

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Pour les passages "WTF" :
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Voilà ! Quant aux garennes, attends de lire plus de romans du cycle, ils te paraîtront de plus en plus familiers au fil du temps. Sinon, leur "fonctionnement" est assez bien expliqué dans les Marées de Minuit (tome 5) :)

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Merci beaucoup et pour les questions et pour les réponses, vous touchez les points sensibles/flous et c'est très éclairant ! Vivement la lecture du tome III ! Bon courage au traducteur pour la relecture du tome 4 !

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Grand Merci Garlan pour ces quelques précisions.

Il n'en demeure pas moins que ces points restent très fous, notamment à première lecture ;)

D'autres points demeurent toutefois toujours aussi "artificiels" à mes yeux, même avec les explications :

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Voilà. Encore une fois, j'ai adoré le bouquin. Mais y'a des points qui continuent à le chagriner.
Vivement les tomes suivants pour avoir des éclaircissements (et donc le tombe 5 que j'attends d'ores et déjà comme le messie) :)

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Pour te répondre, Duda :

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Eh bien pour moi c’est bien simple, les deux premiers tomes du Livre des Martyrs font non seulement partie de mes meilleures lectures de 2018, mais également des meilleurs livres de high fantasy que j’ai pu lire ! C’est peu dire que j’ai pris une claque magistrale doublée d’un plaisir de lecture constant.

Et pourtant, j’y suis allé avec un certain scepticisme. Je me méfiais de la hype, craignais d’être déçu à force d’en avoir entendu parler, etc.

Cependant, j’ai très très vite était cueilli par Les Jardins de la Lune (l’arrivée de Cotillon, Ombretrône et des Molosses m’avait beaucoup plu et le siège de Pâle a fini de me rallier à la cause :
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Pour le coup, j’adore ces livres qui prennent le parti de ne rien expliquer au départ, et qui nous laissent assembler les pièces du puzzle au fur et à mesure de l’intrigue. La façon de faire d’Erikson m’a en fait rappeler deux space opera que j’adore : Dune et Hypérion.

Je trouve que c’est un parti pris hyper ludique. Le livre nous oblige à être un lecteur actif, d’être attentif et d’essayer de comprendre cet univers par nous même, de faire les liens et donc de participer à sa construction, ce qui le rend encore plus tangible (et quel univers !)
Personnellement, j’adore avoir un livre qui va m’occuper l’esprit même une fois refermé. Dont les énigmes vont me triturer. Qui me permet de ressentir ces moments de pure satisfaction lorsqu’une intuition concernant l’univers ou un évènement se trouve confirmée. Ou quand une phrase nous fait soudainement comprendre un passage obscur lu quelques centaines de pages auparavant, et que l’on s’empresse d’aller le reparcourir pour corroborer cette nouvelle compréhension.

D’autant plus, qu’à mon sens, ce type d’écriture nous permet de vivre une réelle expérience, relation avec le livre. Cela devient un voyage fait de souvenirs car l’on a exploré le livre et son monde au fur et à mesure, sans avoir toutes les clés dès le départ.

Je comprends tout à fait que ça ne plaise pas à tout le monde mais, à mon sens, quand c’est bien fait et que l’on y est réceptif, cela enrichi l’expérience de lecture de bien des façons.

Enfin, j’ai visiblement de la chance car je n’ai absolument pas ce problème de manque d’empathie envers les personnages. J’ai très rapidement était pris aux tripes par bon nombre d’entre eux ( j’aime tout particulièrement les Brûleurs de Pont et Loquevoile pour les Jardins de la Lune).


Concernant plus spécifiquement Les Portes de la Maison des Morts, j’ai trouvé le livre sublime. Il a réussi à susciter bon nombre d’images, d’émotions et réflexions qui me resteront longtemps en mémoire. Et c’est un livre que je suis certain de relire (tout comme les Jardins, d’ailleurs), tout en voyant déjà les plaisirs supplémentaires qu’une relecture apportera.

Tout l’arc Coltaine/Duiker/Chaîne des chiens est vraiment incroyable. Le talent de conteur d’Erikson sur ces chapitres m’a clairement impressionné. Il arrive à nous faire ressentir la folie, l’horreur et le chaos du champ de bataille et de cette interminable fuite, comme si nous étions au coude à coude avec ses protagonistes. C’est beau et terrible à la fois. D’autant plus que l’on assiste à la destruction mentale des personnages au fur et à mesure de leur avancée.
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Le reste du livre ne démérite pas pour autant. L’amitié tragique de Mappo et Icarium offre de très beaux moments (et j’ai hâte de lire son évolution).
Le chemin de croix de Félisine est en définitive assez surprenant, tout comme l’écriture de ce personnage et de ses compagnons. Je trouve vraiment qu’Erikson arrive à dépeindre des personnages très intéressants, toujours en multiples nuances, bourrés de contradictions qui les rendent très humains et toujours plus complexes qu’ils ne le semblent (Baudin est un bel exemple de ça,
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Et Kalam et Violain, que j’avais déjà adoré dans le tome précédent, sont toujours aussi bons. Tout particulièrement Violain qui gagne pas mal en profondeur.

Et, non content d’avoir une histoire et des personnages captivants, le livre parvient en plus à susciter des réflexions passionnantes que ce soit sur les civilisations, la place et l’impact des individus en leur sein, l’insignifiance des hommes face à l’immensité du temps, leur propension à la cruauté, la complexité de l’histoire opposée à la vision caricaturale et simpliste que nous pouvons en avoir
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, la façon dont un homme peut devenir mythe et infuser son peuple
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, etc, et cela en utilisant souvent les artifices de la fantasy comme métaphore, plutôt qu’en énonçant platement les choses.

Pour le moment, je trouve que ce cycle réussit parfaitement à croiser une dark fantasy plus crue et « réaliste » (même si je n’aime pas ce mot) avec une fantasy complètement décomplexée en terme de merveilleux, de magie, de situations et personnages bigger than life (ces chapitres à bord de la Silanda qui m’ont furieusement fait pensé aux passages hallucinés des romans d’Elric, par exemple). Ce qui rend le tout souvent surprenant et rafraichissant.

Allez, pour tout de même dire que, bien entendu, tout n’est pas parfait, il y a bien une ou deux ficelles ou Deus Ex (peu importe comment on veut les désigner) qui peuvent paraître un poil faciles. Mais finalement peu dérangeantes.
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Cela reste une lecture relativement exigeante et, surtout, qui ne fait aucun effort pour rattraper le lecteur qui aurait du mal.
Enfin, Apsalar et Crokus, bien qu’étant présents, paraissent curieusement absents et effacés dans ce tome. On oublie parfois qu’ils sont là. C’est d’autant plus dommage que j’aime vraiment beaucoup Apsalar/Mes Regrets. C’est vraiment le défaut majeur de ce tome, pour moi (les autres mentionnés étant surtout des points de détails à l’importance relative),.

Désolé, je pars un peu dans tous les sens (et désolé pour le pavé ^^), je trouve qu’il est toujours difficile de parler d’un livre qu’on a autant aimé. Mais me voilà donc fan boy d’Erikson (avec toute la retenue qui va avec :D), ce que je n’avais absolument pas vu venir !
Ma seule inquiétude concerne désormais la suite, car il FAUT que les 10 tomes sortent en France !! :D

Un dernier mot concernant la traduction. Je souhaite féliciter les traducteurs car j’apprécie vraiment le travail qui a été fait sur les noms propres. Il est particulièrement appréciable d’en avoir des versions françaises (je trouve par exemple que Loquevoile et Mes Regrets sont de superbes idées de traductions). Cela participe à donner une saveur particulière aux livres. Et on sent que cela a été fait avec passion et réflexion !

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Duda, sans rentrer dans le détail c'est un livre qui demande au lecteur d'être patient et qui apporte les réponses au compte goutte. Si tu préfères avoir des histoires bien ficelées avec toutes les réponses à la fin de chaque tome, je te déconseille de continuer avec le Livre des Martyrs, tu ne pourras qu'être déçu.
Chaque livre apporte des réponses et des éclaircissements sur les précédents, mais aussi beaucoup de nouvelles questions (y compris le dernier tome)

2631
Ah non, je ne suis pas déçu, juste y'a quelques points qui me chagrinent parce je trouve, pour l'instant, qu'ils tiennent de l'artifice scénaristique.

Après, oui, tu as raison, je préfère les trucs biens ficelés, avec toutes les grandes réponses qui arrivent vite (genre Roshar par exemple).

Mais les réponses apportées par Garlan sont un grand secours et me permettent de comprendre certaines choses sur lesquelles je suis passé totalement à côté.

Il n'empêche que, malgré mon plaisir certain dans la lecture de ce livre, le côté "too much" fantasy continuera certainement à me déplaire. Mais tant qu'il y aura des passages comme la Chaîne des Chiens, je continue, pour sûr ! :D

Et bravo à Sans-Visage pour sa jolie petite analyse de l'oeuvre ci-dessus, même si on a clairement pas le même type plaisir dans la lecture d'un roman (chercher les petits indices, essayer de comprendre les énigmes, c'est un supplice en ce qui me concerne). ;)

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Sans-Visage d'Angmar a écrit :Un dernier mot concernant la traduction. Je souhaite féliciter les traducteurs car j’apprécie vraiment le travail qui a été fait sur les noms propres. Il est particulièrement appréciable d’en avoir des versions françaises (je trouve par exemple que Loquevoile et Mes Regrets sont de superbes idées de traductions). Cela participe à donner une saveur particulière aux livres. Et on sent que cela a été fait avec passion et réflexion !

Merci beaucoup ! :)
Bon, cela dit, Mes Regrets, c'est une reprise de la première VF, faute de mieux. :) Je préfère le rappeler pour ne pas donner l'impression de me l'approprier. :)

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Duda a écrit:

Et bravo à Sans-Visage pour sa jolie petite analyse de l'oeuvre ci-dessus, même si on a clairement pas le même type plaisir dans la lecture d'un roman (chercher les petits indices, essayer de comprendre les énigmes, c'est un supplice en ce qui me concerne). wink

Merci ;)
Et je comprends très bien ton point de vue car j'avais bien envie d'offrir les livres pour les fêtes, dans mes proches (afin de partager le plaisir :) ), mais j'ai finalement renoncé, n'étant pas certain qu'ils dépassent les 100 premières pages. Car oui, ça reste exigeant.

2635
Je viens de finir le tome 1et je me laisse quelques jours de repos avant de commencer le 2.
J'ai passé un moment fabuleux à la lecture de ce livre ou on ne s'ennuie jamais ça rebondit dans tous les sens et en restant concentré on ne s'y perd pas, j'ai trouvé les personnages captivants ainsi que l'intrigue, je vais profiter de cette pose pour feuilleter le dictionnaire de la Fantasy d'Anne Besson.

2637
J'ai terminé le 2 ce soir :)

Alors comme pour le 1 j'ai apprécié ma lecture et j'attends le 3eme.
Cependant je vais encore rouspéter , rien qui n'aie déjà été débattu plusieurs fois sur ce topic et j'ai lu les réponses données a Duda , mais je le redis quand même , c'est gratos ;)

Entre les deus ex machina , et arrêtez de dire qu'il n'y en a pas svp ;)
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Et bien sur en fin de roman , le teasing sur la future
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Sur ces thèmes ça ne s'arrange pas par rapport au 1 :)


Sinon , je ne me considère pas , concernant mes goût en fantasy , comme un enfant de choeur , j'aime bien quand ça saigne , quand ca meurt (définitivement ;) ) ect cependant je dois vous avouer que j'ai quand même été choqué
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Maintenant j'attends le 3eme de pied ferme , le plus tôt sera le mieux , car même si j'ai rouspété au long de la lecture , j'étais content en refermant le livre , et c'est le principal.
Mon personnage préféré : l'excellent Iskaral Pust ! :lol:

2638
Ah non je te rassure, le ratier ne sert à rien de chez rien, c'est juste un petit contrepoint "comique" ou voulu comme tel par Erikson. Moi ce passage m'a fait hurler de rire perso :)

Bon, je ne dis pas que le 3 gommera tout ce qui t'a chagriné dans le 2, mais je suis certain que tu ne seras pas déçu ;)

2639
Bonjour,

je suis très curieux de lire cette saga dont j'ai eu connaissance lorsque Elbakin l'a classée parmi les 10 plus grandes œuvres de fantasy au monde. C'est une excellente nouvelle que cette nouvelle édition + traduction !
Est-ce que quelqu'un sait si ça sortira en poche, et si oui, quand ? Pour le moment je n'ai rien trouvé sur le sujet.

Merci et bonne année :-)

2640
Une fois de plus je suis pas d'accord avec tous ceux qui parlent de "Deus ex machina", pour moi il n'y en a pas un seul dans la saga. Mais on ne doit peut être pas avoir la même définition.

Pour moi, il s'agit d'un DEM quand on sort une astuce d'un chapeau sans l'expliquer. Ou quand un hasard fait beaucoup trop bien les choses pour être crédible.

Hors, ce n'est jamais le cas ici. N'oubliez pas que le cycle fait 10 tomes, il a le temps d'expliquer beaucoup de choses qui ne le sont pas encore. En gros, ça ressemble à un DEM, ça en à la saveur... Mais pas du tout. Vu la manière dans le monde a été préparé, Erikson n'aurait pas permis que quelque chose arrive "sans raisons". De plus, le peu d'infos qu'il donne permet pas mal de surprises, il y a plusieurs objets qui se baladent dans l'univers et dont le lecteur (et souvent le porteur) n'a pas la moindre idée quand à leur utilité. C'est pas qu'Erikson les utilise quand ça l'arrange, c'est qu'il a décidé sciemment de leurs effets et, volontairement, ne nous en a pas donné les clés. Donc une fois de plus... Pour moi, c'est pas un DEM. C'est une surprise savamment orchestrée.


Pour les futures résurrections, je ne suis pas fan du concept non plus, mais il vaut autant pour des personnages auxquels nous sommes attachés
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, que d'autres qui semblent plutôt du côté des antagonistes (ou du moins pour lesquels le lecteur n'éprouve que peu de sympathie)
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Du coup, ça me gêne moins, c'est une règle du monde qu'il faut prendre en compte.